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« tel un cotre qui roule d’un flanc sur l’autre »

Fragments du Journal de Virginia Woolf (traduit de l'anglais par Colette-Marie Huet et Marie-Ange Dutartre) en prévision du concert du 22 novembre au musée Claude Debussy (Saint-Germain-en-Laye) — dans les circonvolutions de ses phrases, non sans humour, la trame de son quotidien et la violence des émotions qui la traversent.
Répétition au Conservatoire National Supérieur de Musique en compagnie du surprenant Jean-Baptiste Doulcet qui improvise (en classique). 

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Vendredi 18 février 1921
Il y a longtemps que je veux écrire une étude sur le retour de la paix. Car, vieille, Virginia sera confuse à la pensée qu’elle n’était qu’une bavarde, qui parlait toujours des gens et jamais de politique. Et qui plus est, elle se dira : « Tu as vécu à une époque bien extraordinaire. Elle a dû paraître ainsi même aux banlieusardes sans histoire. » Mais en fait rien n’arrive jamais à un moment plutôt qu’à un autre. Les manuels d’histoire délimiteront la guerre plus étroitement qu’elle ne le fut. […]

Mardi 1er mars 1921
Je ne suis pas très convaincue que ce journal soit en bonne voie. Faut-il supposer qu’un de mes innombrables styles ne s’accorde pas avec le fond ? ou bien serait-ce au contraire que mon style est figé ? Dans mon esprit, il ne cesse de changer. Mais personne ne le remarque. Je serais même incapable de lui donner un nom. La vérité, c’est que je possède une échelle automatique des valeurs qui décide du meilleur emploi de mon temps. Elle indique : « Cette demi-heure sera consacrée au russe; celle-ci allouée à Wordsworth; ou bien, que je ferais mieux de raccommoder mes bas marron. Comment m’est échu ce code des valeurs, je l’ignore. C’est peut-être le legs de mes ancêtres puritains. Le plaisir m’est légèrement suspect. Dieu sait ! Et la vérité, c’est aussi qu’écrire, même ici, demande un effort cérébral - pas autant que le russe, mais la moitié du temps, quand j’étudie le russe, je contemple le feu en pensant à ce que j’écrirai le lendemain.  […]  

Jeudi 11 août 1921
Une quinzaine a déjà passé. Cela va trop vite - trop vite ! Si seulement je pouvais déguster lentement, savourer chaque grain de chaque heure ! Pour avouer la vérité, j’ai songé pour la première fois à faire mon testament au cours de ces dernières semaines. Parfois, il me semble que je n’écrirai jamais tous les livres que j’ai dans la tête, tant il y faut de tension. Le diabolique, quand il s’agit d’écrire, c’est que cela exige de garder tendu chaque nerf. C’est précisément ce que je ne puis faire. S’il fallait peindre, ou composer de la musique, confectionner des couvertures en patchwork ou façonner des pâtés de sable, cela n’aurait pas d’importance. […]

Jeudi 18 août 1921
Rien à noter, sinon une insupportable crise d’énervement, qui passera peut-être si j’écris. Me voilà enchaînée à mon rocher, contrainte à l’inaction, condamnée à laisser chaque souci, chaque rancoeur, irritation et obsession fondre sur moi toutes griffes dehors, et revenir à la charge. Autrement dit, je ne peux pas me promener et ne dois pas travailler. Quelque livre que je lise, il bouillonne dans ma tête comme s’il faisait partie de l’article que je voudrais écrire. Personne dans tout le Sussex n’est aussi malheureux que moi, ni à ce point conscient d’avoir en réserve une infinie capacité de plaisir n’attendant que d’être employée. Le soleil ruisselle (non, il ne ruisselle pas, il inonde plutôt), baignant les champs jaunes et les longues fermes basses ; et que ne donnerais-je pas pour déboucher à cet instant des bois de Firle, sale, tout échauffée, le nez tourné vers la maison, les muscles las et le cerveau imprégné de douce lavande, régénéré et rafraîchi ; prête enfin pour la tâche du lendemain. Je remarquerais toutes choses ; la phrase pour les décrire arriverait l’instant d’après, y adhérant comme un gant. Et puis une fois sur la route poudreuse, tandis que j’appuierais sur les pédales, mon histoire se raconterait d’elle-même. Ensuite le soleil se coucherait et ce serait la maison et un assaut de poésie après le dîner, à moitié lue, à moitié vécue, comme si la chair se fût dissoute pour laisser surgir des fleurs rouges et blanches.

Voilà. J’ai presque fait disparaître mon irritation. J’entends le va-et-vient de la tondeuse que ce pauvre L. promène sur la pelouse, car une épouse comme moi devrait avoir un écriteau sur sa cage : « Elle mord ! » […]
Puisque j’écris pour calmer mes impatiences, tant pis si j’écris des sottises ! En fait, tout ce qui porte atteinte aux proportions normales des choses me rend inquiète. Je connais trop bien cette pièce, trop bien ce paysage. La vision que j’en ai n’est plus au point parce que je ne puis passer au travers. 

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Vendredi 12 décembre 1930
[…]
Titres des journaux : Révolution en Espagne. Scandale du chantier de bois en Russie. Eclatement d’une conduite d’eau dans Cambridge Circus.

Jeudi 18 décembre 1930
Grèves en Espagne. Maladie de Raymond Poincaré. Suicide de Peter Warlock. Loi sur les matières colorantes.
[…]

Vendredi 19 décembre 1930
Soulèvement en Espagne. Rhume du prince de Galles. […]

Lundi 22 décembre 1930
Conférence de l’Inde. Brouillard intermittent. Baisse probable de la température.

Il m’est venu à l’esprit hier soir, en écoutant un quatuor de Beethoven, que je pourrais fondre les passages intermédiaires dans le monologue final de Bernard et terminer sur les mots : ô solitude. Cela montrerait aussi que le thème dominant est l’effort, l’effort, non les vagues. Et la personnalité, et le défi. Mais je ne suis pas sûre de l’effet sur le plan artistique, car il se pourrait que les proportions exigent une dernière intervention des vagues en guise de conclusion.

Mardi 30 décembre 1930
Cela manque d’unité, probablement, mais il me semble que c’est assez bon. (Je me parle à moi-même des Vagues, au coin du feu). Supposons que j’aie réussi à mieux assembler les scènes ; par le rythme surtout, afin d’éviter les coupures, afin que le sang puisse se ruer comme un torrent, d’un bout à l’autre. Je ne veux pas de ce gaspillage que représentent les interruptions. Je veux éviter les chapitres. Et vraiment, si tant est que je sois parvenue à quelque chose, c’est bien à cela : un tout saturé, d’une seule pièce; des changements de scènes, d’états d’esprit, de personnes, obtenus sans verser une goutte. Maintenant il faudrait pouvoir achever avec chaleur et entrain, cela suffirait. Mais voilà que je m’excite - température : trente-huit cinq […]

Mercredi 7 janvier 1931
[…] j’écris Les Vagues avec une telle intensité qu’il m’est impossible de les reprendre pour me relire entre le thé et le dîner. Je peux tout juste écrire pendant une heure environ, de dix heures à onze heures et demie. Et la dactylographie représente presque le plus dur du travail. Que Dieu me vienne en aide si tous mes petits livres de quatre-vingt mille mots doivent désormais me coûter deux années de travail ! Mais je cinglerai de l’avant, tel un cotre qui roule d’un flanc sur l’autre, vers quelque aventure plus rapide, plus légère : un autre Orlando, peut-être.

J’ai contemplé l’aube dehors, une ou deux fois : une rougeur, pareille aux braises d’un feu de bois, dans le ciel gelé ; épaisse couche de gelée blanche sur les champs ; des chandelles s’allumaient dans quelques chaumières. Alors, serrant mes vêtements autour de moi, je me recouchais. Et, chaque matin, j’empoignais le soufflet pour ranimer mes bûches et cela devenait un jeu où, presque toujours, j’avais déjà gagné une flambée lorsque Leonard montait. […]

Mardi 20 janvier 1931
Je viens à l’instant, en prenant mon bain, de concevoir un livre entièrement nouveau, une suite à Une chambre à soi qui traiterait de la vie sexuelle des femmes. Je l’appellerai peut-être Professions pour femmes. Seigneur, comme cela m’excite ! L’idée a surgi brusquement du texte que je dois lire mercredi à la société de Pippa [Société nationale pour le service des femmes]. Et maintenant, aux Vagues, mais je suis très surexcitée.

Samedi 7 février 1931
Voyons que j’utilise les dernières minutes dont je dispose pour consigner que grâce au ciel j’ai terminé Les Vagues. Il y a un quart d’heure j’ai tracé les mots : « Ô mort ! » ayant dévalé les dix dernières pages, en passant par des moments d’une telle intensité, d’une telle exaltation qu’il me semblait courir en aveugle à l’appel de ma propre voix ou plutôt, peut-être, à celui d’une voix indéfinissable (comme à l’époque où j’étais folle). Et au souvenir de ceux qui volaient devant moi alors, je ne me sentais pas très rassurée. Toujours est-il que c’est fait ; et il y a un quart d’heure que je suis assise ici, en proie à une béatitude céleste, plus quelques larmes quand j’ai pensé à Thoby et me suis demandée si je ne pouvais pas écrire : Julian, Thoby Stephen, 1881-1906, sur la première page. Je ne le pense pas. Le triomphe, le soulagement, on les ressent d’une manière tellement physique ! Que ce soit bon ou mauvais, c’est fini, mais bien englobé, complet ; bien établi en soi, encore que d’une manière très hâtive, très fragmentaire, je le sais ; mais je veux dire que j’ai pris au filet cette nageoire que j’ai aperçue dans le désert des eaux, au-delà des marais, par ma fenêtre à Rodmell quand je touchais à la fin de La Promenade au phare.

Ce qui m’intéresse à ce dernier stade, c’est la liberté, la hardiesse avec laquelle mon imagination a saisi, a utilisé ou rejeté toutes les images et tous les symboles que j’avais préparés. Je suis certaine que c’est la meilleure façon de s’en servir ; non pas en composition cohérentes, comme j’ai d’abord voulu le faire, mais comme de simples images, qui ne sont là que pour suggérer. J’espère ainsi avoir conservé le chant de la mer et des oiseaux ; l’aube, le jardin, subconsciemment présents, accomplissant leur tâche souterraine. [...]

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Dimanche 3 novembre 1940
Hier la rivière est sortie de son lit. Le marais est à présent une mer envahie de mouettes. L. (remis de sa grippe) et moi avons marché jusqu'au petit bois à flanc de coteau. L'eau déchaînée, blanche et rugissante, déferlait par-dessus le fossé, près de l'abri en béton. Une bombe avait explosé là le mois dernier. Ils avaient pris, m'a raconté le vieux Thompsett, un mois pour le remettre en état. Pour une raison inconnue (la berge était devenue meuble, selon Everest, aux abords de l'abri), il s'est de nouveau écroulé. Aujourd'hui la pluie est impressionnante. Et le vent souffle en rafales. Comme si notre vieille mère nature ruait des quatre fers. Sommes retournés au petit bois. L'inondation semble plus profonde et plus ample encore. Le pont est coupé. l'eau rend impraticable la route près de la ferme. Me voilà donc privée de mes promenades dans le marais. Jusqu'à quand ? Nouvelle brèche dans la berge. L'eau déborde en cascade : la mer est insondable. L'eau a maintenant atteint et encerclé la meule de foin de Botten — la meule au milieu des eaux — et elle arrive au bas de notre champ. Le spectacle serait superbe si le soleil se montrait. Vision médiévale, ce soir, dans la brume. [...]

Jeudi19 décembre 1940
1940 assurément touche à sa fin. Nous connaîtrons cette semaine le jour le plus court de l'année ; après quoi ils rallongeront. Ce serait intéressant de prendre cette journée de jeudi et de montrer exactement la façon dont la guerre la modifie. Elle la modifie au moment où je règle le dîner. Notre ration de margarine est si mince que je ne trouve pas d'autre idée de dessert que des entremets au lait. Nous n'avons pas suffisamment de sucre pour faire des puddings. Aucune pâtisserie, à moins d'en acheter toutes préparées. Les magasins ne sont pas approvisionnés avant midi. Et tout est très vite acheté. Il ne reste souvent plus rien l'après-midi. Nos rations de viande ont été diminuées cette semaine. Le lait est à ce point rationné que l'on regarde à en donner au petit chat. J'ai passé une heure à faire du beurre à partir de notre lait écrémé ; la crème d'une semaine donne environ une demi-livre de beurre. L'essence aussi impose certaines modifications à nos journées. [...] Les prix augmentent constamment. La vie est devenue plus difficile depuis cet été. Nous n'achetons aucun vêtement neuf et devons nous accommoder de nos vieux habits. Toutes ces choses constituent davantage des désagréments que de sévères privations. Nous ne mourons ni de faim ni de froid. Cependant tout luxe nous est interdit, de même que recevoir des invités. Il faut beaucoup d’ingéniosité et d’efforts pour accueillir un convive supplémentaire à sa table. La poste constitue, sans doute, l’inconvénient le plus évident. Une lettre met deux jours pour arriver de Londres, un colis, quatre jours. Impossible de se procurer de la dinde. On dit que la vie est plus difficile que pendant la dernière guerre. Si la rigueur devait encore s’accentuer, nous serions condamnés, je le crains, à mourir de faim. […] Nous sommes bien entendu isolés sur notre île par les bombardements de Londres. Cette dernière semaine, les raids ont été si rares que nous en oublions de tendre l’oreille pour entendre la sirène qui, auparavant, retentissait très précisément à six heures et demie. En général, il ne tombe plus de bombes la nuit. Beaverbrook nous prévient que, début février, non seulement nous aurons droit aux bombes, mais aussi à l’invasion. On dit que les Allemands dépêchent actuellement des troupes pour aller occuper l’Italie effondrée. Que va sortir Hitler de son chapeau cette fois ? C’est la question qu’on se pose. Une certain sentiment de vieillesse me fait parfois penser que je ne peux plus déployer la même énergie qu’autrefois. Et j’ai la main qui tremble. En dehors de cela, nous respirons normalement. Et c’est une journée où chaque branche est d’un vert très clair et où le soleil m’éblouit.

Dimanche 22 décembre 1940
Comme ils étaient beaux, ces deux vieillards - je veux parler de Père et de Mère -, comme ils étaient simples, clairs et placides ! Je suis allée fureter dans de vieilles lettres et dans les mémoires de Père. Il adorait sa femme. Et il était si franc, si raisonnable, si transparent. Il avait un esprit si délicat et si exigeant, si érudit et si limpide. Comme leur existence elle-même me semble avoir été gaie et sereine : ni boue ni tourbillon. En même temps, si humains avec leurs enfants, le petit bourdonnement et les chants provenant de la nursery. Mais, si je les lis en me situant comme un de leurs contemporains, je risque de perdre mon regard d’enfant ; c’est pourquoi il me faut m’arrêter là. Rien d’agité, rien de compliqué ; aucune introspection.

Mardi 24 décembre 1940
Je note avec un certain effroi que ma main se paralyse. Pourquoi ? Je l'ignore. Suis-je encore capable de tracer des lignes nettes et droites ? Il semble que non. Ecrire ici est une manière pour moi de faire un test? En vérité, elle est moins raide ce matin mais il faut dire que je viens de recopier le manuscrit de P. H. ; et je suis intoxiquée de mots [...]

Dimanche 29 décembre 1940
Il y a des moments où les voiles tombent. Alors, étant grand amateur d’art de vivre et bien résolue à extraire tout le jus de mon orange, hop ! je m’envole, telle une guêpe, si la fleur sur laquelle je suis posée se fane ; ce qui s’est produit hier. Je suis allée à vélo à travers les collines jusqu’aux falaises. Des rouleaux de fils barbelés courent tout le long. Après cette bonne friction, mon esprit a retrouvé sa vigueur sur la route de Newhaven. De vieilles demoiselles chichement vêtues faisaient leurs achats d’épicerie sur cette route déserte bordée de petites maisons, sous la pluie. Newhaven est mutilé. Mais fatiguez le corps, et aussitôt l’esprit se met en sommeil. Tout mon désir d’écrire ce journal est retombé. Quel est le bon antidote ? Il me faut aller fureter çà et là. Je songe à Mme de Sévigné. Faire en sorte qu’écrire soit un plaisir quotidien […] Je déteste l’âpreté de la vieillesse ; que je sens en moi. Je grince. Je suis aigre.

Le pied moins prompt à fouler la rosée du matin,
Le coeur moins sensible aux émotions nouvelles,
Et l’espoir, un soir piétiné, moins vite ne renaît.

Je viens en fait d’ouvrir Matthew Arnold d’où j’ai recopié ces vers. Ce faisant, il m’est apparu que si j’aime ou si je déteste tant de choses aujourd’hui d’une façon fantaisiste, cela tient au fait que je me sens de plus en plus détachée de la hiérarchie, du patriarcat. […] je vais me promener dans le marais en me disant : moi, c’est moi, et je dois suivre ce sillon sans en copier un autre. Voilà quelle est l’unique justification de mon travail et de ma vie. […]

Jeudi 9 janvier 1941
Un vide. Tout est gelé. Gel figé. D'un blanc brûlant. D'un bleu brûlant. Et les ormes, rouges. Je n'avais pas l'intention de décrire, une fois de plus, les collines sous la neige, mais cela m'est venu tout seul. Et maintenant encore, je ne puis m'empêcher de me retourner pour regarder le coteau d'Asheham, rouge, violet, gris-bleu tourterelle, sur lequel se détache la croix d'une façon si mélodramatique. Quelle est la phrase qui me revient sans arrêt à l'esprit… ou plutôt que j'oublie toujours : " Pose ton dernier regard sur toutes choses charmantes, chaque heure…" [...]

Mercredi 15 janvier 1941
La parcimonie pourrait bien marquer la fin de ce journal. Et aussi la honte de ma verbosité, qui m'envahit lorsque je vois ces vingt cahiers (pas moins) entassés pêle-mêle dans cette pièce. Mais de quoi ai-je honte ? De moi en train de les relire. [...]

8 mars1941
[...] Non, je n'ai nullement l'intention de me livrer à une introspection. Je note simplement ce mot de Henry James : "Observez inlassablement". Observer les prémices de la vieillesse. Observez la cupidité. Observer mon propre découragement. De cette façon, il devient utile — du moins je l'espère. Je tiens absolument à utiliser au mieux ce temps-ci. Et, quand je périrai, ce sera avec tous mes pavillons déployés. Cela, je m'en rends compte, frise l'introspection, mais n'y sombre pas complètement. Supposons que j'achète un billet d'entrée permanent au musée et que je m'y rende tous les jours à bicyclette pour y lire de l'histoire. Supposons que je sélectionne, dans chaque époque, un personnage de premier plan et que j'écrive sur et autour de lui. Il est crucial d'avoir une occupation. Mais je m'aperçois non sans plaisir qu'il est sept heures, et qu'il me faut préparer à dîner. Haddock et saucisses au menu. C'est vrai, je crois que l'on acquiert une certaine maîtrise sur la saucisse et la merluche en les couchant sur le papier. [...] Oh ! Seigneur ! Oui, je viendrai à bout de cette morosité. Il suffit pour cela de somnoler en gardant les yeux ouverts — pour l'instant ils sont grands ouverts — et de laisser venir les choses les unes après les autres. Et maintenant, que j'aille préparer la merluche.

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